Un appel personnel contre les puissants préjugés et la discrimination silencieuse

Le fait que le gouvernement flamand ait récemment conclu un accord avec 33 secteurs pour lutter contre la discrimination dans les procédures de candidature m’a fait réfléchir à mes propres origines. Si je repense aux années passées, je peux dire qu’en tant qu’Anja Peleman, j’ai été gâtée par la vie. J’ai eu toutes les chances du monde : j’ai passé ma scolarité dans l’enseignement général, mes études à l’université se sont déroulées sans difficulté, j’ai rapidement fait connaissance avec un groupe d’amis proches, j’ai trouvé un premier appartement à louer assez facilement, j’ai immédiatement eu un stage difficile et un premier emploi chez VTM, … Je n’ai en fait jamais rencontré aucune forme de discrimination ou n’ai jamais eu à faire face à d’étranges déclarations ou préjugés pendant toutes ces années. Mais… si je m’étais appelée Anja Michalkiewicz ? Ma vie aurait-elle été différente ? Je suis en effet à moitié polonaise : mon père est belge et ma mère polonaise.

De gauche à droite vous voyez ma maman d’origine polonaise, moi-même, ma grand-mère polonaise, ma soeur et ma tante polonaise

En repensant à mes années scolaires, mes professeurs auraient-ils examiné mes capacités de la même manière s’ils avaient vu le nom Anja Michalkiewicz sur mon journal de classe ? Ou se seraient-ils immédiatement demandé si je maîtrisais bien la langue ? Auraient-ils eu des doutes quant à mon entourage et à la possibilité pour moi d’y acquérir une maîtrise de la langue néerlandaise ? M’auraient-ils encore recommandé de suivre l’enseignement général, ou auraient-ils émis beaucoup de ‘mais’ et de ‘peut-être’ ? L’université aurait-elle été écartée d’office ou aurais-je eu beaucoup plus de difficultés à m’inscrire ? Aurais-je toujours été celle qui a été choisie parmi des dizaines de candidatures à un stage ? Aurais-je reçu une proposition d’emploi permanent tout aussi rapidement ?

Ensuite, je pense aussi à ma situation personnelle. Pourrais-je louer un appartement tout aussi aisément ? Les propriétaires sont-ils prêts à louer à une ‘Polonaise’ ou à vendre leur maison à quelqu’un dont le nom de famille est étranger, si leur boîte aux lettres regorge d’acheteurs intéressés ? Les gens m’auraient-ils regardée différemment si physiquement je ne pouvais pas cacher mes racines polonaises, par exemple si cela s’accompagnait d’une couleur de peau différente ? Est-ce que tous les parents des enfants dans le mouvement de jeunesse où j’ai été cheftaine pendant des années m’auraient confié leurs enfants sans soucis ? Est-ce que je me serais fait des amis aussi facilement ?

Il va sans dire que tout le monde, indépendamment de son nom ou de sa couleur de peau, devrait avoir les mêmes chances. À l’école, au travail, dans une maison ou dans une existence digne. Le fait que ma vie aurait pu être tellement différente si j’avais porté un autre nom de famille montre clairement quelle différence un nom peut faire dans la vie de quelqu’un. Or, c’est ‘juste’ un nom, quelques lettres qui ne disent rien de manière automatique sur les capacités de quelqu’un. Plus que jamais, cela me fait réfléchir à la façon dont les autres, avec des noms de famille étranges, des couleurs de peau ou des religions différentes, doivent faire face au quotidien à de puissants préjugés et à une discrimination silencieuse.

Je suis fière de ma double origine. Anja Peleman ou Anja Michalkiewicz, cela ne devrait faire aucune différence. L’accord qui vient d’être conclu avec 33 secteurs pour lutter contre la discrimination dans les procédures de candidature est un premier pas. Mais il reste encore beaucoup de pain sur la planche. C’est pourquoi je voudrais lancer un appel à des personnes inspirantes comme Hanan Challouki, fondatrice d’Inclusified, qui vient de publier un livre sur la communication inclusive pour aider les organisations dans leur politique de diversité. Ce sont des initiatives de ce genre qui contribuent à faire la différence. Espérons que toutes les personnes qui ont la même fierté de leurs racines, indépendamment de leur origine ou de leur nom de famille, bénéficieront en toute équité des mêmes chances dans la vie. Accueillir la diversité avec enthousiasme est et reste une nécessité au quotidien.